Comment se déroule un accompagnement en Maïeusthésie ?

La méthode élaborée par Thierry Tournebise propose un processus en trois étapes :

-l’identification de la part de soi à réhabiliter grâce à l’écoute du ressenti du « patient » (terme impropre dans ce paradigme, puisqu’en psychologie de la pertinence, il n’y a pas de maladie, donc pas de malade, et auquel Thierry préfère celui de « consultant », voire de « parturient », car en gestation de soi) ;

la réhabilitation de cette part à travers une rencontre progressive et subtile à l’intérieur de la psyché ;

 la vérification de l’état de la part de soi réhabilitée, du sujet lui-même, puis de son symptôme.

Mais avant de commencer un entretien, le praticien instaure avec le consultant une véritable communication fondée sur les principes de « la posture maïeusthésique » : parce qu’il porte un regard ontique (du grec onto – étant, relatif à l’être) sur le consultant, il voit l’être qu’il est (sujet) et non simplement son récit ou sa pathologie (objet).

Ce regard conduit naturellement le thérapeute à se sentir honoré, privilégié face à la beauté de cet être et à la confiance qu’il lui témoigne. s’ajoutent à cette attitude des principes que nous détaillons dans l’article suivant, ainsi qu’une forme spécifique de dialogue que Thierry appelle «guidage non directif» (voir exemple ci-dessous), qui consiste en questions efficaces qui accompagnent ce que l’interlocuteur cherche à exprimer et qui permettent ainsi d’accéder «aux êtres à rencontrer avec délicatesse dans leur pertinence».

Thierry insiste sur le fait qu’une question est toujours sans condition : c’est-à-dire que la réponse n’est pas due et qu’elle est accueillie telle qu’elle est, sans rectification. Le sujet n’est jamais mis en défaut, sa réponse est immédiatement validée, puis éventuelle- ment reformulée pour vérifier qu’on l’a bien comprise, et surtout atteste la réalité pour le consultant.


Mais comment un guidage peut-il être non directif ?

Ce paradoxe soulève un aspect très subtil, expliqué par Gilles Cointepas, praticien certifié en Dordogne : « Je me suis amusé à imaginer ce que pourrait être un GPS non directif, raconte-t-il. Ça donnerait : “À 100 m, allez où vous voulez” ! Ça ne marche pas…

Donc j’ai cherché comment un guidage pouvait être non directif. En fait, j’ai compris que le guidage s’applique sur l’attention du consultant et non sur le contenu de son récit. Le praticien laisse au consultant une liberté totale dans le choix des êtres et des chemins qu’il va prendre pour les rencontrer.


Il s’agit donc d’un guidage de l’attention, mais sans imposer aucune direction ni aucun savoir. En fait, le praticien a seulement la certitude qu’il existe un chemin vers un être, mais il ne sait pas qui ni quoi. Et c’est lui qui se laisse guider par le consultant. »

Extrait de « Maïeusthésie, un nouveau paradigme en psychothérapie », NEXUS N°103, mars-avril 2016

Roland COYAC

31 juillet 2020

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